Zarbi – Cathi Unsworth

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Zarbi - Cathy Unsworth (2014)
Ma note: 4/5

Mots clés

Tragédie, roman noir, romans policiers et thrillers, magie, angoisse, meurtre, années 20, assassinat, auteure écrivain femme, écrivaine, incarcération, enquête, musique, punk, psychologie, psychiatrie, prostitution, adolescence, détective, littérature anglaise, Angleterre, années 80

Présentation

En 1984, Corrine Woodrow, une adolescente marginale (une « zarbi ») d’Ernemouth, petite ville du Norfolk, est condamnée pour meurtre. Il s’agit apparemment d’un crime rituel sataniste. Vingt ans plus tard, les progrès dans l’analyse de l’ADN montrent qu’elle n’a pas agi seule. Engagé par une avocate militante, Sean Ward reprend l’enquête afin de comprendre qui a aidé ou manipulé Corrine, et surtout pourquoi. Mais les apparences sont souvent trompeuses à Ernemouth, où règne une atmosphère provinciale glauque et étouffante, et où chacun garde jalousement ses petits secrets.

Mon avis

C’est le troisième roman de Cathy Unsworth que je me mets sous la dent et toujours avec le même plaisir. le premier était « Bad Penny Blues » qui m’a vraiment accrochée et qui m’a donné envie de découvrir d’autres titres de l’auteure. J’ai enchainé sur « le Chanteur » qui n’a pas démenti mon engouement. « Zarbi » transforme les deux premiers essais, je suis devenue une afficionada inconditionnelle et convaincue !

Le trait commun entre ces trois polars très noirs ? le fait que le titre de chaque chapitre fait référence à des chansons qui sont si ce n’est mythiques, au moins de vraies « références » en matière musicale. Cela nous fait toute une « playlist » à découvrir, pendant ou après la lecture du roman mais dans tous les cas, intéressante.

Alors, le style de cette auteure est vraiment particulier. Imagé, on « visionne » très bien les personnages, les époques mises en scène. Tout y est dans les moindres détails. On s’y croirait. On entre à sa suite au « Capitaine Swing », lieu « légendaire » pour tous ces adolescents en mal de particularisme de cette période.

Ici, nous allons nous balader entre deux périodes : 2003 et 1983 ; l’une époque renvoyant bien entendu à l’autre.

Le point de « connexion » entre les deux périodes se situe en 1984, avec l’internement en unité psychiatrique pénitentiaire de Corrine Woodrow, adolescente de quinze ans à cette époque-là. D’ailleurs, on ne sait tout d’abord pas de quoi elle est vraiment accusée, si ce n’est de quelque chose d’affreux. On nous parle d’un « drame »… ça reste vague.

On apprend plus tard qu’il s’agit du meurtre atroce aux allures vaguement sataniques d’un adolescent perpétré sur une plage, dans une espèce de bunker particulièrement prisé des jeunes de l’époque. La planque idéale pour s’y retrouver, flirter, boire, fumer, faire la fête.

Corrine, retrouvée seule sur les lieux, est arrêtée et personne n’a jamais remis en cause sa culpabilité ; elle-même en état catatonique, ne s’est jamais défendue. L’affaire fut « pliée » en deux temps trois mouvements sans enquête, sans questions, sans émettre le moindre doute et sans jamais lui donner aucune chance.

Vingt ans après, Janice Mathers, son avocate, qui n’a jamais renoncé à prouver sinon son innocence, au moins introduire un « doute raisonnable » afin de pouvoir rouvrir l’affaire, engage Sean Ward, un ancien policier reconverti en détective privé à la suite d’un mauvais accident en service. Il va se charger de reprendre l’enquête car de nouvelles analyses ADN tendraient à prouver que Corrine n’aurait pas été seule sur place au moment du crime.

Sean va devoir remuer le passer, dans cette petite ville balnéaire de Ernemouth dans le Norfolk au sud de l’Angleterre, entre les mémoires déficientes compte tenu du temps écoulé, la méfiance, les « mauvaises » volonté manifestes et autres rétentions d’informations. Beaucoup de mystère autour de cette histoire qui au premier abord semblait pourtant simple. C’est d’ailleurs ce que s’était empressé de conclure, le chef de police de l’époque, Len Rivett, qui semble vingt ans après en être toujours le maitre, malgré la nomination de Dan Smollet aux commandes de la police.

Pour comprendre ce qui a pu se passer, Sean Ward va devoir remonter à 1983, un an avant le drame pour y retracer la trajectoire de chacun des protagonistes. On voit se dessiner une relation d’amitié triangulaire somme toute assez malsaine, à l’insu semble-t-il des intéressées.

Envies, rivalités, amourettes, déceptions, spleen adolescent, amitiés qui se font et se défont aussi vite qu’elles sont nées, le désœuvrement des jeunes, leurs errances en quête d’identité. C’est le temps des expériences musicales, vestimentaires, littéraires (« c’est le temps des copains et de l’aventure » … Françoise Hardy). Corrine est en pamoison devant Madonna et tente d’y ressembler, s’y identifie, s’invente un style pour échapper à la laideur de son quotidien entre ses déboires scolaires et sa mère qui l’oblige à se prostituer tout comme elle, pour rapporter quelques sous à la maison… Corrine est une « paumée », une « zarbi ».

C’est un roman (très noir) d’atmosphère. On ne se contente pas d’une lecture « détachée », on ressent les choses avec un minimum d’implication. Même Corrine, qui semble être l’horrible mégère de l’histoire, ne nous semble plus si étrange et bizarre qu’elle n’en a l’air. Elle est même plutôt pitoyable et surtout très « manipulée ».

Pour moi, c’est une vraie réussite pour ce polar psychologique qui nous découvre peux à peu la noirceur des âmes, les calculs des uns et des autres et ce qui sous-tend leurs actions pas toutes recommandables. La toute fin m’a étonnée et émue.

C’est un polar « paisible » sans « actions » spectaculaires, sans courses-poursuites ni combats au corps-à-corps, mais terriblement efficace. Original, il se démarque des thrillers chocs mais aussi de la littérature nordique réputée pour la lenteur des intrigues, mais tout aussi efficace. A chacun son style et ses goûts. Et ce roman là est tout à fait des miens !!

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